Je cuisine avec la belle-doche : le beurre à l'ail
Attention! Le beurre à l'ail ne se fait pas n'importe comment!
Surtout quand on cuisine avec Belle-mama!
D'abord le beurre. Il a fallu que je me batte pour utiliser le beurre salé, le Vrai, le Seul Véritable Beurre digne de mention (les majuscules représentent une prononciation respectueuse de ma part).
Ensuite, Belle-mama insistait pour que je le batte à la main. Non mais ça va pas??? Il sortait direct du frigo! Dès qu'elle a eu le dos tourné, je l'ai mis 10 secondes au micro-ondes pour le ramollir. Succès total, Belle-mama n'y a vu que du feu.
Maintenant, le contenu.
De l'ail. Belle-mama me donne une gousse.
«Rien que ça??? C'est mesquin!!!»
Non, Belle-mama me signale qu'il y en a encore dans le frigo de la cave. Allons donc fouiller dans le frigo de la cave.
Ah, tout de même.
Mais attention! Sous l'oeil vigilant de Belle-mama, je dois enlever un par un tous les petits bouts verts à l'intérieur de chaque gousse...
Mais vous vous rendez compte??? Ces gros plans macro ci-haut ne sont en réalité que les petites merdouilles ci-bas représentées en leurs justes proportions...
Après l'étape de l'enculage de mouch effilochage des petits germes que personne n'aurait remarqués si j'avais pu faire ma recette tranquille, il faut éfouérer les gousses.
Oups, ça revolle partout! Vite, vite, faut ramasser avant que Belle-mama ne regarde vers moi!!!
Le beurre d'ail de Belle-mama est habituellement vert. Pourquoi??? Elle me révèle enfin son secret qui ne se transmet que de bouche de belle doche à oreille de bru : il y a du persil!!!
Allons-y gaiement pour le persil.
Mais le persil de l'Intermarché pue. Belle-mama, manu militari, malgré mes protestations, trempe le persil-qui-pue dans le vinaigre. (Bravo! Il va puer encore plus!)
Puis elle le rince et le met à éponger sur une vieille guenille toute pourrie.
Vous aurez remarqué le bidule, en arrière-plan? C'est l'éfouéreur de persil. Belle-mama a un tiroir rempli de bidules tous plus fantaisistes les uns que les autres. Observez (entre autres) le bidule à râper le parmesan (ne pas confondre avec la simple râpe à fromage), le fouet à mayonnaise, le truc pour faire du jus d'orange, la pince à pogner le spaguetti, une louche qui ressemble à ce que j'utilise pour ramasser les crottes de chat dans la litière, un autre bidule plat avec des genres de fils à couper le beurre (qui doit servir à sauver du temps quand on coupe du beurre en coupant plusieurs tranches (?) de beurre en parallèle) et j'en passe et des meilleures. Tiens? On voit le reflet de mon appareil photo dans la roulette à couper la pizza...
Remarquez que Belle-mama possède aussi la version électrique de chacun de ces bidules (tels le fouet électrique, le presse-jus électrique, l'ouvre-huîtres électrique...)
Bref.
J'extirpe donc fièrement l'éfouéreur de persil (nommé pompeusement «moulinette à persil») du tiroir.
Et je me mets en devoir de mouliner du persil dans le beurre.
Je suggère de mettre des échalottes, de la ciboulette, du thym...
Belle-mama refuse obstinément. Pas dans SON beurre d'ail. Bon. Par contre, quand elle a cherché à y mettre du poivre, j'ai aussi utilisé mon droit de véto. Non mais! Du poivre! (J'ai horreur du poivre... À la maison dans mon village, il n'y a pas un grain de poivre dans toute ma cuisine).
Nous convenons mutuellement de faire des concessions et le beurre à l'ail est donc terminé avec sa magnifique couleur verte.
Et c'est sur une poignée de main réconcilliatrice que se termine ma recette.
Note à moi-même : bien me brosser les dents avant d'aller me balader sur les Champs Élysées...